Perpignan, reportage
Elle a l’allure d’une blonde. Claire, légère, veloutée avec « un arrière-goût de baguette ». Vincent Pujol, le gérant du restaurant perpignanais la Belle Époque, a été séduit par la nouvelle bière de la Boc. « C’est original et ça plait aux clients, alors je n’achète plus que cette bière-là », explique le restaurateur, adepte de la démarche zéro-gaspillage : « Ma décoration et mes meubles sont également fabriqués avec des matières récupérées, alors, servir une bière à base de pain recyclé, je trouve ça génial, c’est en accord parfait avec ma philosophie. »
Pas besoin d’être un écolo convaincu pour apprécier la bière de Laurent Botta, le brasseur de la Boc. Ses clients sont habitués à ses recettes originales : à base d’agrumes du quartier, au malt caramel, chocolat ou encore ambrée aux trois céréales, orge, blé et seigle. Bien qu’appréciées, elles ne connaissent pas le succès croissant de la petite dernière. Sur le comptoir de la brasserie ce soir-là, il n’y a que des bouteilles consignées de bière au pain que les clients rapportent. « Dépêchez-vous avant qu’il n’y en ait plus ! » se félicite Laurent Botta. Que les amateurs se rassurent, le brasseur compte bien pérenniser sa dernière invention. « J’avais entendu, ou lu quelque part, que ça se fait en Belgique, mais en France, je ne connais personne qui brasse de la bière au pain. Je m’étais dit que ce serait intéressant d’essayer si j’en avais l’occasion et surtout la quantité de pain bio suffisante. » La brasserie n’est pas labellisée, mais s’approvisionne, dans la mesure du possible, en matières premières issues de l’agriculture biologique.
« Il y avait plein de pain sec dans les rues et à côté des poubelles »
Laurent Botta a besoin de 50 kg de pain pour 500 l de bière, l’équivalent d’une demi-baguette par litre. Sa recette, il l’a inventée, avec un tiers de pain pour deux tiers de malt : « Pour faire de la bière, il faut de l’amidon, explique-t-il. Grâce au brassage, ce glucide se transforme en alcool et en gaz. Justement, le pain est quasi exclusivement composé d’amidon, alors que le malt en contient 80 % environ. Par contre, nuance Laurent Botta, les enzymes du malt sont nécessaires à la fermentation. Il n’est donc pas envisageable de n’utiliser que du pain pour fabriquer de la bière. »
« Créer de l’emploi social grâce à ce projet, c’est encore mieux »
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